L'albatros
Un poème très connu, tiré de la section Spleen et Idéal dans les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. A cette époque la marine à voile était reine et la chasse à l'albatros servait d'exutoire aux souffrances et aux peurs des équipages.
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
Le Poëte est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
Ce poème a été mis en musique par Léo Ferré en 1967.
Nota : cet albatros est celui d'Océanopolis, il est également possible de se rendre compte de l'envergure de cet oiseau au musée des Cap Horniers à la Tour Solidor à Saint-Servan (article sympa ici).