Crépuscule

Tout d'abord, je remercie Gil qui m'a envoyé cette magnifique photo de cette chère côte de Bretagne, quelque part du côté de Penvenan.

Le coucher de soleil est toujours bien plus impressionnant que le lever du soleil, parce qu'on va vers toujours plus de douceur et de calme, on s'abandonne aux couleurs apaisantes, on guette la lune et les premières étoiles, on sait que le ciel va se rapprocher. Bien souvent le vent se calme, les bruits humains s'estompent et l'on n'entend plus que le clapotis des vaguelettes, les grillons...
L'esprit peut alors divaguer, chercher l'empathie avec les lieux pour mieux comprendre leur histoire. Les vieilles pierres racontent à qui veut les entendre comment elles sont devenues maisons pour abriter le bonheur, l'attente, l'angoisse, les retrouvailles, les joies simples qui naissent lorsque l'on est ensemble... Laissez vous faire, écoutez... vous voyez, là, par la fenêtre de vieux verre un peu trouble, la lueur de la lampe de laiton éclaire la tablée, la mère et ses trois marmots. Le père est à Terre-Neuve, mais il est présent. Chacun sait qu'un jour peut-être le maire et le curé sonneront à la porte pour annoncer une triste nouvelle, mais on n'y pense pas. La vie fait que l'on n'entend à cet instant que le bruit des cuillers raclant les écuelles de soupe, les enfants fatigués vont se précipiter au lit clos dans lequel ils vont se blottir. Le plus grand sait qu'il sera marin, il est déjà fier de devenir bientôt un homme de mer et prend son rôle d'aîné très à coeur.

La vie paraît si simple, si bien organisée. Qu'est ce qui fait que parfois elle se complique brutalement, change de cours comme une rivière devenue folle qui bousculerait les lois de la gravité. Comment déméler l'écheveau du destin ?