L’Ankou des marins
Un texte splendide de Daniel Grall, déniché sur son site personnel "Chansons marines" où l'on peut également trouver la partition et un certain nombre de ses compositions. Daniel joue dans le groupe La Bouline.
Imaginez vous en train de lire ce texte un soir de tempête à la baie des trépassés...
Lorsque la nuit se glisse entre lande et nuages
Aussi noire que le brai au chaudron du calfat
On le devine furtif naviguant sous l’orage
Au milieu des écueils et des débris de bois
Refrain
C’est l’Ankou des marins, silhouette sans âge
Qui, sur les roches noires, moissonne les noyés
C’est l’Ankou des marins qui guette le naufrage
Pour conduire les âmes en baie des trépassés
Qu’ils aient été pêcheurs, marchands ou flibustiers
Sur leur barque fragile ou sur leur grand trois mâts
Qu’ils fussent cousus d’or ou riches d’un seul denier
Entre blé et chardon, la faux ne choisit pas
Les légendes d’Armor racontent que le vent
Fait entendre le glas d’une ville engloutie
Que cherchant le repos, les noyés vainement,
Viennent quérir un linceul aux hameaux endormis
Toi qui est le complice de ce naufrageur d’âmes
En allumant des feux aux grèves de Kerlouan
Crois-tu qu’il te f’ra grâce du tranchant de sa lame
Lorsque pour une épave tu quitt’ras les vivants
Eloigne toi Morgane du bord de la falaise
Il ne reviendra plus ton mat’lot de vingt ans
Sens tu ce vent glacial, les oiseaux qui se taisent
Ce souffle sur ton cou… va il est encore temps…